Conférence internationale sur l’Afghanistan 11-13 octobre 2013, Strasbourg
Afghanistan 2014
défis pour la paix et le développement
2014 pourrait s’avérer une année-clé pour le développement et l’avenir de l’Afghanistan.
Le bilan de la guerre est catastrophique pour le peuple afghan. Depuis 33 ans, tous les Afghans, en Afghanistan ou en exil, ont été touchés par la guerre.
La situation en Afghanistan, nous la connaissons, elle est faite de brutalité et de guerre. Elle est la conséquence des agissements tant des gouvernements étrangers que du gouvernement afghan. La volonté et les actions du peuple (afghan) peuvent y mettre un terme. Ensemble, nous allons poursuivre notre travail pour le droit à l’autodétermination, la paix, la liberté et pour le droit à vivre en harmonie avec l’environnement. Nous savons que la condition sine qua non pour y parvenir est d’en finir avec l’occupation de l’Aghanistan par les troupes étrangères et avec la guerre. Pour cette raison, nous appelons une fois encore au retrait de toutes les troupes étrangères, à un cessez-le-feu immédiat et au respect de la souveraineté de l’Afghanistan. La réduction prévue des troupes de l’OTAN n’est pas un retrait des troupes combattantes.
L’avenir de l’Afghanistan doit appartenir au peuple afghan. Il devrait être un avenir de paix, construit grâce à des politiques de paix mises en œuvre dans le respect des réalités afghanes et du droit international des droits de l’Homme onusien. Les négociations et coalitions embryonnaires entre les différents groupes sociaux et religieux doivent être encouragés. Ce n’est que dans l’union que les acteurs en présence pourront trouver des chemins vers la paix, dans leur pays et au niveau régional. Il y a besoin d’une solution de paix non seulement pour l’Afghanistan, mais pour toute sa région, dont les pays concernés doivent être impliqués dans les processus en cours.
Nous savons que le chemin pour la paix n’est jamais simple : il est semé d’embuches et les défis à relever exigent toujours des sacrifices. Nous sommes convaincus qu’un pays en paix, libre, souverain, de justice sociale et d’égalité de genre, ne peut être bâti que par une participation active de la société civile, en particulier des femmes aghanes. En parallèle, ces processus en Afghanistan doivent être activement soutenus par une très large solidarité internationale. Pour ce faire, il est essentiel que toutes les forces de paix et de liberté (en Afghanistan et en-dehors, dans toutes les organisations) soient soudées et agissent de concert; toute division ou sectarisme serait très préjudiciable.
Tout projet d’aide fructueuse pour l’Afghanistan doit s’appuyer sur les choix des Afghans et être coordonné au niveau local et régional par les communautés concernées. Il s’agit d’aider l’Afghanistan à s’aider soi-même. L’aide doit être acheminée vers, et distribuée par, un gouvernement légitime, dans le respect des réalités et de la culture afghane et des droits humains. L’aide doit s’organiser à partir d’un système décentralisé et mobiliser les structures de bases du pays. L’éducation pour les filles et les graçons, et le système de santé public, sont les plus hautes priorités. L’influence néolibérale et le pillage du pays par les troupes étrangères et les multinationales doivent cesser. L’Afghanistan doit pouvoir trouver son propre mode de développement. Un développement durable. L’OTAN doit prendre ses responsabilités, sur les plans civil, économique et environnemental, pour répondre des destructions et des catastrophes qu’elle a causées.
La communauté afghane en exil en Europe, avec les organisations européennes pour la paix, et soutenues par des organisations afghanes, s’engagent concrètement pour la paix en Afghanistan en tenant une conférence sur le thème « Afghanistan 2014 – défis pour la paix et le développement ».
Nous y élaborerons des idées et proposerons des actions pour un retrait complet des troupes étrangères et pour apporter un soutien actif au processus de transition pour la paix et le développement en Afghanistan.
Parmi d’autres, les questions et propositions suivantes devraient être abordées :
- Comment renforcer les structures et initiatives gouvernementales et non-gouvernementales pour qu’elles mènent des politiques plus indépendantes, à même de pousser à un retrait complet des troupes étrangères et au retour de la souveraineté totale du peuple afghan sur le pays ?
- Comment pourrait s’articuler un processus de paix et de réconciliation en Afghanistan avec un processus, indissociable, de sécurité et de coopération dans la région ? Un travail de résolution de conflit au niveau régional doit être proposé, et mené par les gouvernements, les coalitions nationales, les société civiles et les mouvements de paix.
- Comment élaborer le processus de réconciliation et en finir avec tous les despotes – le gouvernement de Karzai, les seigneurs de guerre, les Taliban et même peut être Hekmatyār ?
- Quel rôle peuvent jouer les négociations avec les Taliban (comme celles que propose, entre autres exemples, le Plan Shorish)? Comment élargir et renforcer les plateformes nationales, telles que le Front national (à l’origine d’une Fatwa contre les troupes étrangères), ou les personnalités comme Faruq Azam?
- Comment en finir définitivement avec les violences contre les femmes ? Comment avancer sur le chemin de l’émancipation et de la participation des femmes en Afghanistan?
- Depuis les forces de paix, par exemple les forces anti-libérales, comment aider à un développement durable de l’Afghanistan? Comment aider le pays à s’aider, et à acceder et gérer ses propres ressources?
- Faut-il redéfinir le développement en Afghanistan?
- Comment parvenir à l’autosuffisance et à la souveraineté alimentaire?
- Que signifie, pour l’Afghanistan, le dépassement du modèle néolibéral de développement?
- Comment améliorer le processus de renforcement des capacités et en particulier des femmes?
- Que faire au niveau international pour renforcer l’indépendance de la société civile avec ses projets principalement décentralisés?
- Quel rôle devraient jouer les organisations internationales, notamment les Nations unies, après 2014?
- Comment les coopérations existantes aujourd’hui, entre des forces en exil divisées, et tout aussi fragmentées en Afghanistan, pourraient-elles être élargies à de nouvelles forces et coalitions pour la «participation, la démocratie, la paix et le développement»? Une plateforme internationale est-elle nécessaire?
La préparation de la conférence est un processus ouvert et inclusif. Vous êtes cordialement invités à participer, à apporter votre soutien et à saisir l’opportunité que représentera la condérence à Strasbourg à l’automne.